vendredi 4 mai 2018

Des prisonniers Allemands dans le Gâtinais (6)


Montargis  1914-1915

L’histoire des prisonniers de guerre dans le Montargois peut être décrite en deux phases, avant et après la création du camp de Châlette.
Si des mouvements de prisonniers ont bien eut lieu depuis 1914, à part les blessés , il n’y a pas de contingent installé dans un cantonnement avant l’année 1915, où les premières réquisitions vont apparaître.
Sur la carte ci à droite, on a reporté les différents cantonnements situé dans la ville et les chantiers de travail.
Le 28 août 1915 30 bavarois font leur entrée en provenance des Groues ; ils sont « accueillis » par une foule de « 4000 curieux » qui les suit de la Gare à leur cantonnement ; soit presque le 1/3 de la population de Montargis de l’époque. Ces 30 bavarois vont aller occuper leur cantonnement de la rue Don Pedre dans une dépendance de la propriété de la Veuve H, Duchesne. Ils sont placés sous la garde d’un détachement de 10 hommes fourni par le 82e.


Ils sont employés à la manutention des cailloux au Pont à L’âne, sur le canal, ressource stratégique dans cette économie de guerre. Ils y travaillent de 6h du matin à 17 h avec 1h30 pour manger.
Les belles soirées de ce mois d’août et le transit entre le port à la rue Dom Pedre du détachement, va devenir l’attraction des badauds à tel point que le commandant de la place va se fendre d’un communiqué dans la presse locale .
« Art 1 -Il est interdit à toute personne n’appartenant pas au service de police militaire ou civile chargé de la garde et de la surveillance des prisonniers de guerre de pénétrer dans leur cantonnement.
Art2 -La stationnement dans la rue Dom Pèdre et dans la ruelle aux Loups ou aux abords de ces rue et ruelle est formellement interdit.
Art 3- L’accès de la rue Dom Pédre et dans la ruelle aux Loups es interdit aux militaires de tous grades, y compris les officiers et à toute personne n’y ayant pas domicile ou qui ne se rendrait pas chez les habitants de ces rue et ruelle ou dans leur jardin.
Art 4 – Il est défendu de converser, soit à la voix, soit par signaux avec les prisonniers de guerre et de s’élever au dessus des murs qui bordent leur cantonnement, tant du coté jardin que de la ruelle.
Art 5 – Tous cris, vocifération, injures à l’adresse des prisonniers de guerre sont formellement interdite
Art 6 – Toute contravention......
Art 7- M. le commissaire de police est chargé de l’exécution du présent arrêté
Signé Cottin de Melville lieutenant-colonel commandant d’armes
Mais un mois plus tard en septembre « Une véritable haie est ainsi formée sur la place du pâtis et à l’entrée de la rue Dom Pédre » Il va falloir faire un rappel, à l’ordre ?
En Octobre, les Eaux et Forêts vont être autorisés à employer des prisonniers de guerre pour la coupe et la manutention du bois, on attend « un certain nombre de prisonniers. Ils seront logés à la Vénerie, situé à l’entrée de la forêt, appartenant au sieur de Songeons. Lequel n’est pas d’accord et fait réclamation. Le 23 10 1915, 30 prisonniers arrivent pour les chantiers en forêt.
En décembre M ; de Songeons « peu soucieux de donner plus longtemps asile ,dans son immeuble, aux sujets du kaiser », obtiens gain de cause , et les prisonniers vont être transféré dans une annexe de l’ancien casino rue A, Cochery

1916 à Montargis

- Février 1916 30 à la maison forestière st Dominique pour la coupe des bois
-Mars 1916 on annonce 100 prisonniers en provenance du Midi pour un nouveau camp à Paucourt, toujours pour l’exploitation du bois de la forêt de Montargis, on leur érige des baraquements. A ce jour ne n’ai pas d’information sur la localisation de ce camp. Ils seront sur place que le 15/04/1916.
le 16 avril, le Gâtinais relate le décès d’un prisonnier allemand : « survenu dans des circonstances que la censure ne nous permettrait certainement pas d’exposer, et nous ne saurions raisonnablement l’en blâmer... »
Cet incident, accident, fait réfléchir, accident de travail ou fuite et tir après sommation. Le journaliste doit connaître un certain nombre de faits car il note :  « Nous nous abstenons donc de donner le moindre détail sur les faits parvenus à notre connaissance. ». Mise en cause de la garde, problème de sécurité ?
Au mois de mai, une annonce pour la tenue de la cantine pour les prisonniers du camps de Paucourt, emplois réservé au veuve de guerre.
Si donc , il y avait une cantine à Paucourt, Quid des autres cantonnements rue Don Pedre et à la maison forestière ST Dominique.
Le 20/mai 90 prisonniers arrivent, dont 80 pour les chantiers de Paucourt, et 10 pour Don Pédre, ceux ci sont affectés au service des Ponts et chaussés pour des travaux d’entretien sur le canal.
En Juin c’est un autre contingent de 100 , ils seront cantonné dans un hall près de la rotonde, et seront employés comme manœuvre et à la manutention du charbon
Un nouveau chantier est ouvert sur le territoire de Châlette, au bord du Canal sur un terrain de l’entreprise Marcueys , dépôt des bois provenant des coupes de Paucourt.
Tout ces chantiers, dispersés aux quatre coin du territoire de Montargis provoquent une certaine tension sur les effectifs des gardes à tel point que « M. le maire a été invité à faire connaître s’il n’y avait pas, dans sa commune, des hommes dégagés des obligations militaires , qui consentiraient à être employé à la garde des prisonniers, le salaire serait de 3 fr par jour ou plus s’il le fallait » deux termes nous arrête dans cette proposition d’emploi,
- d’abords le salaire ou plus s’il le fallait.... j’ai bien l’impression qu’il a du falloir se lâcher un peu, compte tenu de la pénurie de main d’œuvre
« Consentiraient » figure de style, ou bien l’emploi est si détestable et mal vu de la société que l’on risque de déchoir en l’acceptant ?
À la mi Août 165 prisonniers partent de Paucourt pour les Groues. 100 de plus au dépôt de chemin de fer, la navette entre Montargis et les Groues fonctionne à plein régime, profitant de la voie ferrée Montargis Orléans à double voie, fermée aujourd’hui.
En Novembre les voies navigables font exécuter, des travaux de dragage entre le pont de la rue du Loing et l’écluse de la Reinette par 10 prisonniers cantonnés à Don Pédre, le lieu de travail n’est pas très éloigné du lieu de « résidence »
Un nouveau cantonnement est érigé sous forme de baraquements au lieu dit le buisson en forêt, occupé début décembre par 45 nouveaux prisonniers qui viennent des Groues, suivi de 35 une semaine plus tard.




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