mardi 29 mai 2018

La cantine de la gare de Montargis 1

Présentation

Il est toujours intéressant de consulter les archives locales, en particulier la presse de l’époque pour sentir la respiration des faits et envenimements qui traversent les populations. Les archives municipales possèdent la collection complète du Journal Le Gâtinais pour son édition de Montargis sous forme Microfilmé et aussi consultable numérisé in-situ. C’est à partir de cette source que cette petite étude sur la cantine de la gare est construite. La particularité de Montargis est de se trouver à cette époque au croisement de deux grands axes ferroviaires, avec un dépôt de machine, dont la rotonde a disparue de nos jours. : - Nord-Sud, (Paris-Nevers ), avec une ligne partant de Paris Orléans passant par Malsherbes, (fermée aujourd’hui), l’autre Paris Lyon Nevers, par Melun et Moret/Loing - Ouest-Est, Orléans -Sens, voie stratégique de Nantes à Troyes. Cette vois est fermée depuis les années 1960. Si, très vite les infirmeries de gare vont se mettre en place, elle assureront la totalité des ravitaillements des convois de blessés, il est pas de même pour les militaires isolés (permissionnaires), réfugiés de tous poils qui circuleront en train durant cette période. Ces Œuvres des cantines de Gares seront pour la plus part issue des sociétés de secours de la Croix rouge Les plus connues et les plus documentée sont celles de la capitale en particulier celle de la gare du Nord et de l’est. Parfois, comme celle de Dijon , elles atteignent la célébrité, « Le Paradis du Poilus », il n’en va pas de même pour celle de Montargis dont la renommée n’ a guère franchi que le Montargois. Pourtant, grâce aux publications hebdomadaires du journal local Le Gâtinais, on peut se faire une idée du travail quotidien et des événements parfois exceptionnels d’une cantine de gare Ce petit travail n’est que la compilation des entrefilets parus dans le Gâtinais, journal édité à Montargis pendant les 5 années de 1914 à 1919. Pour chaque entrefilet, j’ai, dans une base de donnée, noté chaque don avec la date , le donateur, la commune, le montant si le don est en espèce, les constituants du don en nature. le nombre de rations servies par semaine. Puis grâce aux différentes fonctions, j’en ai extrait des regroupements afin de mieux montrer la respiration de cette institution qui ne sera généralisé qu’a parti de la fin 1917, dès lors que le Quartier Général « organisera » le régime des permissions. j’essaierais de faire quelques comparaisons avec d’autres cantines dans la mesure des mes moyens d’accès aux sources.

Missions des cantines de gare 

Les gares furent un refuge pour les soldats et militaires de tout poil le long des 4 années. Il faudra attendre juillet 1915 pour voir accorder les premières permissions ; la guerre devant être courte et joyeuse, le GQG ne veux, peux pas soustraire d ‘effectifs ; Dès lors, la mise en place du régime des permissions va engendrer deux types de problèmes 
-1) le transport des permissionnaires n’avait pas été prévu.
-2) à l’été 1915, les chemins de fer sont déjà à la limite de leur capacité, ; de plus les permissionnaires ne sont pas considérés comme un transport stratégique. 
Les conditions de transports sont mauvaises. S'il y a des tentatives d'amélioration après les mutineries de 1917, elles s'aggravent à partir de 1918. Les trains sont bondés, utilisés au-delà de leur capacité. Les permissionnaires voyagent debout. Il n'y a pas de toilettes. Les trains sont mal éclairés, mal chauffés. En été, les soldats en uniforme de laine font le voyage en sueur. L’eau potable manque sur les longs voyages. Les permissionnaires boivent beaucoup de vin. Le matériel qui provient des différentes compagnies ferroviaires (Paris-Lyon-Marseille, Paris-Orléans, Chemins de fer de l'Ouest...) est très lent. Un trajet de 100 km prend jusqu'à 6 heures. (Emmanuelle Cronier  les gares pendant la grande guerre)
Les « cantines de gare  », qu'il ne faut pas confondre avec les « infirmeries de gare  », formations militaires organisées et desservies pas la « Société de Secours aux Blessés Militaires », sont des fondations d'un caractère purement bénévole qui, de même que les « postes de secours », sont exclusivement à la charge de la Société. ‘bulletin SSBM1916
Selon la liste collecté dans un forum bien connu ( Pages14-18) et compilée par un de ses membres, j’ai pu recenser 100 cantines de gares, qui seront animées par une dizaine d’institutions soit 47 cantines dont ont sait , à ce jour qui les manageait , soit un peu moins de la moitié, 35, nous sont inconnues quand au 18 Stations Halte Repas, je n’ai d’information certaine que pour celle de Montargis qui dépendait de la SSBM. Si on regarde les trois sociétés de Croix Rouge, l’Union des Femmes de France  en anime la moitié.
Les Stations Haltes Repas seront, elles, sous la responsabilité des autorités militaires et organisées par le règlement  sur le transport des troupes (voir les pages 112à117)
La mission des cantines de gare est corollaire à l’accueil et le soutien aux soldats blessés pris en charge par les infirmerie militaire, soit ravitailler, nourrir, voir accueillir pour un bref repos, les militaires, permissionnaires, les civils réfugiés qui se déplace au grès des mouvements et soubresauts des armées en campagne. 
Un administrateur, une directrice, des dames quêteuses, quelques auxiliaires, hommes de bonne volonté,une cuisinière et ses aides, constituent des équipes qui se relèvent toutes les douze heures. Le local est gracieusement offert par la gare.  Les soldats de passage descendant du train, soit qu'ils restent à Paris, soit qu'ils quittent notre ville, blessés, malades, convalescents, hommes regagnant leur dépôt, permissionnaires, convoyeurs, y sont accueillis de droit. Par extension, on y admet les soldats anglais, belges, italiens, serbes et les réfugiés des pays envahis. Le ravitaillement gratuit se fait sous forme de bouillon, café, boissons rafraîchissantes; petits repas, comprenant pain, pâté et fromage ; repas complets, servis à heures fixes, composés de potage, viande avec légumes, fruits, fromage, vin ou bière, et café. Le service de table est fait exclusivement par le personnel de la « cantine » dames et hommes, avec un empressement, une aménité qui leur valent les témoignages de reconnaissance les plus sincères et les plus touchants de la part des soldats.
En Juillet 1917 Le grand quartier général édite a plus de 3 millions d’exemplaires un guide du permissionnaire qui décrit les étapes les ressources, droits et devoirs du permissionnaire.

vendredi 11 mai 2018

Des prisonniers Allemands dans le Gâtinais (8)


Le rapatriement

Le 18 Janvier 1919 le Gâtinais tonne :
« Il y a actuellement au dépôt de la gare de notre ville 5 locomotives allemandes et 45 agents allemands,15 mécaniciens et 30 chauffeurs.
Ces boches, qui sont logés dans une baraque Adrian, dépendant du dépôt, prennent leurs repas à l’hôtel Millet ou ailleurs, et peuvent circuler librement en ville, où on les rencontre se promenant tranquillement.
Oublie -t’on en haut lieu que nous sommes encore en guerre et que la paix n’est pas encore signée
Alors que nos poilus permissionnaires de passage ne peuvent sortir de la gare pour déjeuner ou dîner, les Boches , eux autres, se promènent sans être inquiétés et vont au café et à l’hôtel. »
Une semaine plus tard le commandant d’armes de Montargis communique la note suivante :
«  La commission d’armistice interalliée ayant exigé du gouvernement allemand l’envoi en franque de mécaniciens pour piloter provisoirement les machines allemandes, d’agents et ouvriers allemands, et remédier ainsi à la crise des transports, la population Montargoise est prévenue que ces employés allemands, sont autorisés d’après les convention de d’armistices à circuler librement dans la ville sans être inquiétés ».
Le commandant de place met, quand même, en place des patrouilles qui reconduisent à la gare les mécaniciens « qui feraient l’objet d’une manifestation quelconque »

vendredi 4 mai 2018

Des prisonniers Allemands dans le Gâtinais (7)


Le Camp de Châlette

Fin de l’année 1916, la décision est prise de créer un nouveau dépôt dans la région. Les autorités militaires s’arrêtent sur un espace entouré de mur, vacant, planté de mûrier et d ‘amandier, le parc d’une gentilhommière du 18e, rasée en 1910. L’armé renforce la clôture par un réseau de fils de fer barbelé haut de 4 m pour éviter les évasions.
12 Baraquements furent érigés dans le camp dont 8 de 30 m de long , les 3 pour les services, (administratif, cantine, infirmerie) étaient plus petits entre 7 et 10 m de long, sur le modèle Adrian bien maîtrisé par le génie militaire

Des prisonniers Allemands dans le Gâtinais (6)


Montargis  1914-1915

L’histoire des prisonniers de guerre dans le Montargois peut être décrite en deux phases, avant et après la création du camp de Châlette.
Si des mouvements de prisonniers ont bien eut lieu depuis 1914, à part les blessés , il n’y a pas de contingent installé dans un cantonnement avant l’année 1915, où les premières réquisitions vont apparaître.
Sur la carte ci à droite, on a reporté les différents cantonnements situé dans la ville et les chantiers de travail.
Le 28 août 1915 30 bavarois font leur entrée en provenance des Groues ; ils sont « accueillis » par une foule de « 4000 curieux » qui les suit de la Gare à leur cantonnement ; soit presque le 1/3 de la population de Montargis de l’époque. Ces 30 bavarois vont aller occuper leur cantonnement de la rue Don Pedre dans une dépendance de la propriété de la Veuve H, Duchesne. Ils sont placés sous la garde d’un détachement de 10 hommes fourni par le 82e.